jeudi 9 septembre 2010

FEUILLE D'AUTOMNE

Délaissée par la sève, Elle consent à l'exil.
Elle attend, frémissante aux rayons déclinants,
multicolore la façade de son nid citadin.
La feuille a sifflé sans fléchir le refrain de l'été,
et imagine en la succession des éphémères
la saison éternelle des matins sans sommeil.
AUTOMNE
Mais que sait-elle du monde?
Elle a illuminé de vert la brillance du zénith,
vibré sous les fumées vrombissantes,
et doré à la lueur des noceurs.
Pourtant dans les fragrances entrelacées aux fumets familiers,
elle a pressenti l'existence de l'ailleurs,
une idée consolante à son départ meurtri.
Le jour advient, Eole est l'aile, il la lie aux allants,
la ravit à son père et l'attire aux lointains.
Virevoltant d'ivresse elle effleure ses sœurs,
sensation délicieuse de complicité chantante,
Il la couche en baiser sur le ruban piétonnier,
quand soudain, une douleur écrasante, la semelle torture,
la broyance lacère avec indifférence.
Longtemps elle reste là, éperdument mendiante,
la pluie et la froideur l'entraînent vers la folie.
Mais par chance une nuit Bourrasque la reprend
la sauve au firmament, l'emporte au delà de la ville,
vers le verger, pur et perlé.
Plaquée sur pomme, pêche puis le vieux poirier,
elle s'enthousiasme de richesse colorée,
et rêve de faire partie de ce monde enchanté.
Repartant de tempête elle se perd aux framboisiers,
le rouge des tomates la galvanise en orchestre,
elle voit que le plus beau restait à venir.

Rain_on_nectarines
Un instant les roses la retiennent,
lui permettant d'humer pour la première fois
l'esprit du paradis.
Gorgée de sensations, elle respire enfin.
Le souffle est son ami, il la voyage au loin,
et dans le chatoiement du couchant
la dépose au rebord de la chambre.
Une petite main la prend d'une chaleur insoupçonnée
elle est bien assez belle aux pupilles scintillantes.
L'enfant lisse ses nervures, lui rend sa fierté.
Dans la bibliothèque il lui accorde les pages
et c'est accompagnée des mots de l'écrivain
qu'elle sommeille durablement.
Un soir de l'avenir le livre s'ouvre,
des yeux grandis se fendent d'émotion
car grâce à Elle,
c'est l'enfance qui s'échappe du livre,
escortée par la joie
de l'automne retrouvé.

10 commentaires:

  1. Très joli poème. J'aime beaucoup.

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  2. Que j'aime ton univers... Emmène moi, encore.

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  3. Je viens de relire ton dernier billet et je tenais à te dire combien j'aime ta façon d'écrire. Chaque mot respire, chaque phrase coule avec souplesse et élégance, comme un parfum qui s'étire dans l'air jusqu'à étreindre délicatement chaque parcelle de ciel. Ton écriture me touche, me susurre mille choses, et je t'en remercie.

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  4. GOULI : Merci, j'en suis heureux.
    CHRISTOPHE : Merci, c'est mon unique ambition en partageant ce genre de texte.

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  5. TAMBOUR MAJOR : Merci. Je suis toujours heureusement étonné que mes rêveries puissent être si bien perçues. Nous avons un moyen de communication qui dépasse les mots, n'est ce pas miraculeux?

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  6. Shopping, chocolats chauds et dvd sous la couette avec mon titi sur les pieds. J'adore ce que m'annoncent les feuilles jaunies.

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  7. Moi aussi j'adore l'automne et l'hiver. Le retour de la couette est synonyme de délices, à tous points de vue. L'hiver devrait juste s'arrêter net le 15 mars pour faire place au plein été...

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  8. Ouais, bof ! Moyen !
    ...
    Quoi ?
    Bon d'accord ! C'est moyen Bon !
    ...
    ...
    C'est trop beau !
    Je m'en vais relire cette poétique prose une troisième fois !
    ...
    T'as gagné !
    :)

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  9. Haha!
    J'ai eu la même première impression! Il doit y avoir dans ce texte des maladresses dont je n'ai pas conscience.
    Mais bon, hein! On va pas toujours se flageller, n'est-ce-pas? Surtout si ça me vaut de jolis commentaires!

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