En tant qu'ingénieur commercial je me devais de fréquenter mes clients importants dans leurs hobbies, pour instaurer une relation amicale. Il m'est donc arrivé d'applaudir au tennis les performances d'un quinquagénaire transpirant, ou de tenter un squash avec un sportif du dimanche néanmoins directeur informatique. Parfois j'avais de la chance. Ce soir-là j'avais rendez-vous dans la galerie d'art personnelle de ce chef d'industrie milliardaire.
Après avoir montré patte blanche à l'entrée, je fus abordé par une maître d'hôtel me demandant mes préférences culinaires pour le repas qui suivrait ma visite. Une attention délicate lorsqu'on est invité pour un dîner mondain. On descendit un escalier interminable, car la galerie était installée dans une station de métro désaffectée achetée par le magnat.
En arrivant sur le quai, je fus accueilli par un grand écran diffusant l'extrait du journal télévisé qui annonçait le décès de David Hockney, peintre célèbre de la fin du 20ème. A la fin de l'hommage, l'image se brouillait, devenait diaphane et laissait place à un écran noir, avant que l'écran ne s'éteigne complètement. Pour se rallumer sur le même extrait de journal quelques secondes après. Une sensation bizarre, cette nécrologie éternellement renouvelée.
Plus loin mon client vint à ma rencontre. Après les salutations d'usage, il entreprit de me montrer les pièces de la collection. Une vitrine de la taille d'un grand aquarium comportait deux étages avec des figurines de personnes en plein travail de bureau, comme la coupe d'un immeuble de La Défense. En appuyant sur le bouton, la vitrine s'illumina, nimbant les silhouettes de lumière blanche et vive au point de les rendre invisibles. A la place, les hologrammes dessinaient des dizaines de cocons de vers à soie, dans lesquels on voyait par transparence les vers s'agiter.
Mécénat d'aujourd'hui livre 1 domaine public
Un peu plus loin deux peintures assez classiques se faisaient face. Mais l'usage de rehauts dorés et argentés faisaient penser à un Basquiat qui aurait fauté avec Murakami. Mon hôte me jeta un regard aigu lorsque je luis dis. Une grande sculpture de tête de chien en bronze, un genre de dogue noir, émergeait d'un socle. D'où j'étais, on voyait une petite main dépasser de la babine droite du chien. Une main de petit enfant. En faisant le tour de la sculpture monumentale, je découvris l'enfant, qui riait aux éclats, et dont le bras était entièrement dans la gueule du chien. La joie et la confiance du petit ne laissaient aucun doute sur la complicité avec l'animal.
Puis une autre vitrine murale comportait une série de mobiles d'une grande marque diffusant des images dont le patchwork dessinait un livre du moyen-âge. Puis l'image changeait et on voyait une expo au japon, avec la même vitrine et des visiteurs asiatiques regardant la même scène, en simultané.
D'ici, j'apercevais la passerelle qui joignait le quai sur lequel j'étais et l'ancien quai d'en face. L'extrémité de celui-ci était aménagée pour le dîner de gala. Je tentais de déchiffrer une photographie codée lorsque quelqu'un me frappa violemment la tête.
Gabriel s'était retourné dans son sommeil, mettant d'une main innocente une fin brutale au mien.
Je ne suis plus commercial depuis des années, et les meilleures oeuvres contemporaines sont visibles par tous à Beaubourg ou dans les musées de province, pas besoin de riche client mécène pour les voir. David Hockney est bien vivant, et personne ne contemplera jamais les "œuvres d'art" que j'ai vu dans mon rêve.
J'aurais quand même préféré que Gabriel me laisse profiter du déjeuner gastronomique.
Je ne sais pas comment lui expliquer qu'il me doit un bon resto.
Je me disais aussi, je ne crois pas que qui que ce soit, même milliardaire, possède une station de métro désaffectée.
RépondreSupprimerDEEF : Bonne question. Mon inconscient t'affirmerait le contraire, il y est allé.
RépondreSupprimerMais je ne vois pas la région faire un détour avec une future ligne parce qu'une station sur le trajet a été vendue. C'est à nous et on se les garde.
Sinon, si elle existe, je veux bien être invité.
Il y a bien la station de métro "Croix rouge",désaffectée depuis 1939. http://fr.wikipedia.org/wiki/Croix-Rouge_(m%C3%A9tro_de_Paris)
RépondreSupprimerMais si elle est fermée,le métro y passe,sans s'arrêter,et donc un collectionneur ne pourrait pas y entreposer ses trésors.
Pourquoi je ne me souviens plus d'aucun rêve, à une époque, je volais (dans les airs!!) toutes les nuits, c'était bien.....!^^
RépondreSupprimerNACHU : En plus dans la mienne, il y avait des passerelles entre les deux quais. De quoi décapiter la rame et ses voyageurs : ça ferait mauvais effet.
RépondreSupprimerJe ne suis jamais passé entre Sèvres Babylone et Mabillon, il me reste à faire un tourisme rapide (6secondes 9')!
NIGLOO : Et tu ne prenais pas des plantes médicinales qu'on roule soi-même, avant de dormir, par hasard?
RépondreSupprimer@Nigloo: C'est un rêve classique le vol dans les rêves. On fait ça surtout vers l'adolescence et la jeune vingtaine. Un psy vous expliquera et vous dira que ça correspond souvent au phénomène d'un durcissement dans le short du pyjama. René
RépondreSupprimer@flavien: pourquoi rouler, une pipe fait le même effet!!^^
RépondreSupprimer@René: mes vingt ans ont duré et le durcissement encore plus!!^^
Un joli rêve. J'aime bien cette sculpture interactive faite d'écrans de mobiles. Elle pourrait tout à fait exister.
RépondreSupprimerEt le coup de la station de métro est très original. Je suis presque sûr que ça a traversé plus d'un esprit cette idée d'acquérir un morceau des boyaux de Paris...
EK91 : J'aime les œuvres contemporaines qui font intervenir la lumière. La première que j'ai vu était à Lyon pour la première biennale.
RépondreSupprimerEt si Paris vendait les catacombes...
j'ai beaucoup aimé, surtout la dernière phrase, belle chute!
RépondreSupprimerPATRICK ANTOINE : J'ai de la chance, il aime bien que je lui raconte mes rêves délirants! Néanmoins ma logique personnelle lui échappe parfois.
RépondreSupprimerJ'adore l'idée du chien et de l'enfant. Une sculpture qui rappellerait que pour juger, il faut d'abord s'assurer de bien avoir toutes les cartes en main.
RépondreSupprimerJAY : Je suis d'ailleurs tombé dans le piège. (en rêve!)
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