J'ai appris que l'un des derniers bastions, avec le sénat, résistant encore au jeunisme ambiant est tombé. L'Académie Française, la fleur de la littérature mondiale francophone, a voté une limite d'âge à la candidature.
Pour être éligible, il faudra être jeune, et il y a là une trahison. C'est que les félons hiérarques ont eux même bénéficié de la mansuétude de leurs pairs lors de leur investiture.
Et à présent qu'ils en sont les élus perpétuels, cheveux blancs et fauteuils orthopédiques, ils revendiquent un rajeunissement honteux. Faites ce que je dis, ne faites pas l'âge que je fais.
Marcel Aymé (Le Passe Muraille)
Ils, et elles, car les femmes ont été de la côterie anti-vieux, veulent voir du jeune, de l'aguichant les rejoindre.
Maintenant qu'il sont eux-même assurés du siège.
Leur démon de midi a occulté les conséquences dramatiques de leur vote. Ont-ils seulement songé que Marguerite Yourcenar ne les aurait jamais rejoint?
Et surtout, surtout, ont-ils réfléchi à l'attente interminable qui va désormais régner sur les élections? Le renouvellement naturel ne permettra plus à un candidat malheureux d'espérer une deuxième chance rapidement. C'est qu'à moins de servir une spécialité à base d'arsenic à la cantine de l'assemblée de Richelieu, les titulaires ont l'espérance de vie pour eux. (Je ne plaide en aucun cas pour l'usage de l'arsenic, ni ne souhaite aucun mal aux académiciens)
Georges Bernanos (journal d'un curé de campagne)
Ils vont s'accrocher à leur rond de velours comme on refuse la tombe, et au final c'est l'académie qui aura encore moins de chance de voir passer en son sein les grands écrivains qui, tels Molière, se verront opposer le règlement.
Oui, vraiment, interdire aux plus de soixante-quinze ans de postuler à l'Académie Française est scélérat.
PS : Marcel Aymé et Georges Bernanos ont choisi de ne pas être de l'Académie.
À qui le dis-tu ! Depuis le 7 janvier dernier, je suis brûlé !
RépondreSupprimerC'est à désespérer.
Mado
J'espère que pour être en accord avec ce règlement,elles et ils,se sont engagés à démissionner à cet âge fatidique.
RépondreSupprimerJ'ai entendu cette info et à vrai dire je n'en ai rien à battre mais telle qu'elle est ici relatée, cela prend un tout autre relief !
RépondreSupprimerPas déçu par cette première visite
biz
MADO : C'est exactement ça, je suis brûlé aussi!
RépondreSupprimerNACHU : Héhé, je pense très précisément la même chose. Ils s'en sont bien gardés, les "immortels"! Quand j'ai vu la secrétaire perpétuelle, j'ai cru qu'on était le premier avril...
RépondreSupprimerCORTO : Je te comprends, je m'en fichais aussi jusqu'à ce que je me demande quelles pouvaient être leurs motivations inavouables. Et je déteste autant le jeunisme que le racisme anti-jeune.
RépondreSupprimerDis FLAVIE, tu m'dis pas qu'à nous deux on fait une siècle et demi ?
RépondreSupprimerMado
Je serai un peu moins pessimiste que toi, juste beaucoup plus cynique : ne t'inquiète pas pour les talents hors d'âge, ils trouveront leur place aussi parmi les rangs de la vénérable institution. Pour un copain il y a toujours un fauteuil de libre. Cooptation copinage et réseaux d'influence parviendront bien à justifier une dérogation au règlement, faillible lui aussi, car humain.
RépondreSupprimerMADO : Non, mais au cas où je voudrais me lancer dans une carrière d'écrivain, j'aurai au moins cent cinquante ans à moi tout seul lorsque je me présenterai!
RépondreSupprimerTAMBOUR MAJOR : C'est bien vrai : tu es encore plus cynique que moi quand tu veux. La cooptation est officielle, mais pour Molière, ils ont respecté le règlement. C'était une autre époque...
RépondreSupprimerBon, je vais postuler moi, si cet endroit rallonge la vie!! Ah il faut écrire???? c'est foutu alors!!;-)
RépondreSupprimerNIGLOO : Encore mieux, on devient immortel! Mais ils ne se rendent pas compte que pour vraiment apprécier l'immortalité, ce serait mieux d'être vivant...
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