LE MOULIN

La roue tourne et l'eau file dans les pales alourdies,
arrache à son moyeu une plainte écarlate,
qui trébuche à l'oreille du flâneur assourdi.
Dans son jeu libertin l'engrenage s'éclate,
il crépite en virant et transmet la fureur
du torrent contrarié au travers du moulin.
De ses larmes brillantes l'enthousiasme coureur
engendre sur la pierre le mouvement malin,
qui du fruit de la terre exprimera le lait.
Mais d'abord rougissant le blé s'enquiert s'il plaît:
il s'unit avec l'eau pour trois jours sous la lune
juste là, au sommet, lové dessous la hune.


Le moulin par agayfriday sous licence cc

Leur descendant fleurit la meule irrésistible,
l'immaculée blancheur nait au cœur de la cible,
vole, court, roule, et s'infiltre, volutes de questions,
inexplicablement de par l'orchestration
du meunier réunie en farine ou en son.
Le grain qui de tous temps a porté la leçon,
soutenu l'existence de la chose fragile,
de l'homme a dans ce lieu trouvé sa cathédrale,
demi-Dieu servi par le farinier agile
pour danser sa survie et en ouvrir le bal.


Le moulin livre2 par agayfriday sous licence cc

LE CHALUT

Soumis à la loi de la mer insolente, le goéland tanguait d'orgueil défié.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Feu de ST POL par Alain Darles sous licence Créative Commons
Zephyr le déchirait sans briser ses virages,
pour qu'aussitôt son envergure retrouve sa forme, sa flèche un brisant.
Les plumes savaient jouer les violons larmoyants,
puis dans une sonnerie de cor de chasse redresser l'allure de l'arc tendu par dessus les eaux.
Le jeu se poursuivait toujours,
dans des figures plus acrobatiques que la galaxie d'Andromède dans les millions d'années.
Qui saurait égaler la diversité rauque de l'oiseau exalté dans le gros temps des hommes?
L'homme justement ignorait celui qui fidèlement le suivait.
Sur le fendant d'écume, le bas bord du pêcheur s'invitait à la houle.
Le travail était lourd aux mains de brique et de bois chenu.
Bien plus que d'un espoir de conquête, son esprit battait les vagues en invitant l'ondine.
Car ce n'était pas de pain que vivait le marin mais bien d'océan,
d'immensités bêchées par le vent et râpées de soleil.
A chaque instant on aurait voulu voir le compagnon ailé rattraper l'embarcation,
mais d'aussi près qu'il l'approche c'était comme si la belle se refusait.
Jamais au contact de son pont ou de son filet le volant ne venait.
Depuis les semaines des mois à partager l'embrun des humains,
l'élégant éclair blanc n'en avait relevé que la traîne.
Il avait rencontré bien des cortèges, mais ses congénères lassés renonçaient à la haute,
tandis que lui, défiant ses éléments frères,
testait éternellement son équilibre instable dans le sillon du chalutier.
Cliquer sur la photo pour agrandir

Husum Harbour par atelier Joly sous licence Creative commons
Puis les cales frétillantes,
le bateau redressa sa trajectoire dans la perspective du ponton immobile.
Quelques heures d'azur entamé, et le rubis du phare annonça la fin du corps à corps.
Le bâtiment indifférent virait sous la jetée dans la hâte de l'atterrissage,
lorsque provenant du fond de l'estime,
le regard bleu du breton croisa la fierté fauve du goéland fuyant,
dans un dernier salut.

SEX AND THE CITY 2

avertissement: le film que je viens de voir fait ressurgir en l'auteur de ce blog la pétaaaasssse de base qui sommeille en lui. Ne te plains donc pas si après avoir suivi son conseil tu es toi aussi pouffiassé(e) avant même de ressortir du cinéma.
D'ailleurs je crois que c'est une bonne façon d'apprécier le spectacle.
Le film commence par me brosser dans le sens du poil : un mariage gay, avec Liza Minelli! Non je ne vais pas te raconter tout le film, mais Liza Minelli, c'est quelque chose. New York New YOOOOOOOORK, si tu as une baisse d'énergie, passe le toi en boucle à fond, hurle avec Liza, et viens me dire que tu as retrouvé une pêche d'enfer.


Alors je la vois à l'écran, son visage n'a plus d'âge mais la magie est toujours à l'intérieur, ou dans mes yeux.
Et nos quatre égéries assurent. La costumière s'est lâchée, dans le kiiiitstch, l'extravagant, s'est vautrée dans Chanel, Jean paul Gautier, Dior, Vuitton, les français sont à la fête, avec aussi Louboutin pour les chaussures. C'est un festival, d'autant que pour une fois il n'y a pas que Carrie à être bien servie.
J'adooooooore Samantha (mon adulation est proportionnelle au nombre de "o") et pas seulement pour son maintien si particulier qui m'épate, mais aussi pour les scènes et les dialogues à elle réservés. Kim Cattrall est parfaite dans le rôle, décrépie, décadente, overkitsch et au douzième degré, si drôle qu'on en oublie tout. Au premier degré aussi, dans une scène apocalyptique kiiiiiiiiiiitchissime (un feu d'artifice je te dis).
Elles ont osé, dans un scénario sans concession. Prendre le contrepied du cliché de la trentenaire winneuse de la série (j'étais déjà fan), à qui tout réussit. Affronter l'ennui infini de la vie familiale et de la relation de couple adulte (Non ne proteste pas, la pétasse de base qui te parle, elle a toujours vingt ans et un cerveau de nourrisson). Elles ont des visages fatigués, l'une d'elle se heurte à la ménopause et en fait un délire, mais ça ne les empêche pas de donner un coup de pied dans la fourmilière, et de faire la nique à la crise.


Et malgré le retour sur terre, car il n'y a pas que le sexe dans la vie, (il y a aussi les fesses, et toutes les autres zones érogènes), j'ai bien voyagé.
J'ai vécu le choc des cultures, et la légèreté c'est UN ART DE VIVRE. Et rentré à ma maison, je vais virer de ma garde robe tout ce qui n'est pas moooooooode, et on va sooooortir s'éclaaaaaater.
Tu n'as rien capté à ce post? Va voir le film!