Soumis à la loi de la mer insolente, le goéland tanguait d'orgueil défié.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Feu de ST POL par Alain Darles sous licence Créative Commons
Zephyr le déchirait sans briser ses virages,
pour qu'aussitôt son envergure retrouve sa forme, sa flèche un brisant.
Les plumes savaient jouer les violons larmoyants,
puis dans une sonnerie de cor de chasse redresser l'allure de l'arc tendu par dessus les eaux.
Le jeu se poursuivait toujours,
dans des figures plus acrobatiques que la galaxie d'Andromède dans les millions d'années.
Qui saurait égaler la diversité rauque de l'oiseau exalté dans le gros temps des hommes?
L'homme justement ignorait celui qui fidèlement le suivait.
Sur le fendant d'écume, le bas bord du pêcheur s'invitait à la houle.
Le travail était lourd aux mains de brique et de bois chenu.
Bien plus que d'un espoir de conquête, son esprit battait les vagues en invitant l'ondine.
Car ce n'était pas de pain que vivait le marin mais bien d'océan,
d'immensités bêchées par le vent et râpées de soleil.
A chaque instant on aurait voulu voir le compagnon ailé rattraper l'embarcation,
mais d'aussi près qu'il l'approche c'était comme si la belle se refusait.
Jamais au contact de son pont ou de son filet le volant ne venait.
Depuis les semaines des mois à partager l'embrun des humains,
l'élégant éclair blanc n'en avait relevé que la traîne.
Il avait rencontré bien des cortèges, mais ses congénères lassés renonçaient à la haute,
tandis que lui, défiant ses éléments frères,
testait éternellement son équilibre instable dans le sillon du chalutier.
Cliquer sur la photo pour agrandir
Husum Harbour par atelier Joly sous licence Creative commons
Puis les cales frétillantes,
le bateau redressa sa trajectoire dans la perspective du ponton immobile.
Quelques heures d'azur entamé, et le rubis du phare annonça la fin du corps à corps.
Le bâtiment indifférent virait sous la jetée dans la hâte de l'atterrissage,
lorsque provenant du fond de l'estime,
le regard bleu du breton croisa la fierté fauve du goéland fuyant,
dans un dernier salut.
Magnifique note en message codé!! Très bien écrite, encore une fois, belle ode à la mer!
RépondreSupprimerTrès belle noblesse de plume. Je me suis presque cru chez un Balzac ou un Maupassant. L'espace d'un instant j'étais à bord, le visage couvert d'embruns, plissant les yeux aveuglés par le soleil miroitant sur les eaux.
RépondreSupprimerMoi j'ai pensé à Navarre ou à Camus ; bravo.
RépondreSupprimerALBAN: La mer n'a pas fini de m'inspirer, et je me souviens de tes magnifiques photos d'eaux. Merci.
RépondreSupprimerTAMBOUR MAJOR : Je n'écris pas la nuit comme Balzac, je me retiens car il faut bien travailler la journée. Joli, lorsque tu plisses les yeux!
DEEF : Yves Navarre mérite qu'on se souvienne de lui. Quand à Camus, il est devenu en quelques années l'un des écrivains les plus importants du 20ème siècle. A relire!
Rien à ajouter. Très très joli texte.
RépondreSupprimerCHONDRE :Heureux d'avoir partagé cela avec toi.
RépondreSupprimerEt bien je suis heureuse d'avoir pris du temps ce dimanche pour venir te lire !
RépondreSupprimerJ'adore ton écriture, ta façon de raconter qui t'es personnelle et en même temps attachante...
C'est vrai que tu es un poète...
VIRGINIE : Merci d'avoir pris tout ce temps pour venir me lire. Je ne peux que me réjouir que mon écriture se libère, en partie grâce à ton blog, saches-le, et qu'elle ait l'heur de te plaire!
RépondreSupprimer