Après avoir revendu son site internet à grand succès à des financiers, Logan s'offrit une merveilleuse année sabbatique. A vingt huit ans il n'avait jamais connu que les écrans d'ordinateurs et la gestion de sa startup. Au point de n'avoir même pas pris conscience de sa réelle notoriété. Avec délices il se plongea dans un univers de plaisirs et sorties sans fin. Les six premiers mois il se piqua au jeu et adorait la compagnie de ses nouveaux amis. Il tenta sincèrement de prendre goût au champagne et aux plats raffinés, et considérer naturel de finir ses journées au petit matin. Le casino et son hôtel était sa seconde maison, il n'était jamais seul. Mais après un an les lendemains de fête se firent plus tristes et répétitifs.
Il se demanda quoi faire de sa vie. Ne trouvant pas de réponse évidente, il entreprit de questionner son entourage. Las, ses amis, riches ou moins riches, semblaient n'avoir d'autre but que s'amuser et tromper l'ennui. Mais Logan avait cette lucidité qui l'obligeait à chercher plus loin que les autres. Il décida de découvrir le vrai sens de la vie.
Il s'aperçut que les couvertures de magazines qu'il avait fait, et sa fortune, lui permettaient d'obtenir des entrevues avec qui il voulait. Il rencontra donc les plus grands savants, qui lui donnèrent une idée des mystères de l'univers, et de leurs passions, mais ne le renseignèrent pas sur le sens de la vie. Il rencontra des dirigeants de ce monde, mais aucun ne l'éclaira sur son interrogation. Les principaux guides spirituels ne lui délivrèrent que des doctrines toutes faites. Puis un prix Nobel lui ayant dit que sa question relevait de la philosophie, Logan organisa une croisière à laquelle furent conviés les plus grands philosophes. Tous, intéressés par le sujet, et flattés par les conditions, acceptèrent. Après un mois de colloques et de réflexions, le porte parole lui délivra le point de vue de la philosophie contemporaine : La quête du sens de la vie était une question de philosophie absolument passionnante, mais la philosophie s'intéressait plus à la question qu'à la réponse.
En désespoir de cause, il se tourna vers les journalistes, dont le métier était de chercher la vérité, et leur demanda s'ils connaissaient quelqu'un pouvant le renseigner sur le sens de la vie. Après plusieurs mois, il interrogea un reporter qui avait fait de nombreuses fois le tour du monde et fréquenté une multitude de peuples. Celui-ci lui dit qu'un sage, un véritable puits de science, s'était retiré dans la montagne la plus reculée de l'Himalaya vingt ans auparavant. Logan prit donc l'avion, et après cinquante heures de voyage, parvint dans le village isolé. On lui indiqua de suite que le sage, déjà vieux à l'époque, n'avait jamais réapparu. Mais dans son infinie sagesse il avait peut-être survécu des maigres ressources de la montagne. Les villageois parlaient de lui avec une crainte respectueuse, mais certains acceptèrent de lui servir de guide car ils avaient une idée de l'endroit où il pouvait s'être retiré. Après plusieurs jours de marche, ils arrivèrent au bord d'une minuscule vallée, mais ses compagnons refusèrent d'avancer : de petits monticules de pierres disposés en pyramide leur indiquaient que l'ermite ne souhaitait pas être dérangé. Mais si l'étranger souhaitait continuer, il pouvait le faire. Eux camperaient sur place en l'attendant. Logan poursuivit donc seul. Des traces de vie étaient visibles dans la vallée. En suivant les empreintes, il arriva à l'entrée d'une caverne. Au milieu de cet espace une forme humaine était accroupie.
Huang shi kun par hannah domaine public
Saisi par le silence et la solennité du lieu, Logan choisit de s'accroupir en face de l'ermite, maigre et parcheminé. Celui-ci ouvrit calmement les yeux et le fixa avec une grande profondeur. "Maître, dit Logan, je ne veux pas vous déranger, mais j'ai parcouru de nombreux kilomètres pour vous trouver et vous poser la question qui m'obsède : pouvez vous me dire quel est le sens de la vie?" puis il attendit respectueusement. Le sage le fixait toujours sans ciller puis d'une voix grave prononça lentement les mots : " La vie est un fleuve". Et il referma les yeux dans le silence et l'immobilité absolus. Logan finit par se lever et à la tombée de la nuit rejoignit ses guides.
Il leur fit part de la rencontre, et ils discutèrent tard dans la nuit.
Mais au matin Logan leur demanda de patienter encore un jour, de façon à y retourner. Il se présenta à nouveau à l'entrée de la caverne, le vieux sage était dans la même position. "Maître, je n'ai pas bien compris votre réponse, hier, quel est le sens de la vie?". L'ermite rouvrit les yeux, le fixa et dit "la vie est un fleuve". Puis il referma les yeux et ne bougea plus.
Logan, rentré auprès de ses compagnons ne dormit pas de la nuit, cherchant la signification de cette phrase énigmatique. Puis au matin, n'y tenant plus, il se présenta encore dans la vallée. Épuisé et énervé, en arrivant devant le sage il ne se contrôlait plus que difficilement et son ton était chargé de tension :" Je n'y comprends rien, la vie est un fleuve, la vie est un fleuve, ça ne veut rien dire! Je vous demande le sens de la vie et ne me dites pas que la vie est un fleuve ou je ne réponds pas de mes actes! " A ce moment les yeux de l'ermite s'ouvrirent, se remplirent de larmes et il dit d'une voix plaintive :"Pourquoi, c'est pas ça?"
Je ne suis ni littéraire ni "écrivain"....Mais si j'ai bien compris, c'est de toi dont tu parles....Donc, quelque part, tu vis Heureux ! ;-)
RépondreSupprimerNIGLOO : C'est une fiction, mais il paraît que l'on est dans tout ce qu'on écrit, même si l'on croit inventer.J'ai trouvé la conclusion mièvre, alors je l'ai changée. Mais oui, je m'efforce de vivre heureux auprès de mes arbres,lol!
RépondreSupprimerbon moi je dois vieillir, j'avais déja lu par deux fois avant de commenter, je n'avais pas vu "fiction", je suis revenu, y'avait une réponse.... P aurait-il raison quand il me dit:"on va prendre un RDV chez un neurologue" ??;-) ;-)
RépondreSupprimerNIGLOO : non, heu, tu ne vieillis pas, mais grâce à toi j'ai pensé à préciser que c'est une fiction et j'ai changé la fin de mon histoire! Dans le même genre il y a quelques jours j'ai laissé un commentaire chez un autre blogueur que j'aime bien, Antoine, et j'ai eu la surprise de voir disparaître mon commentaire. c'était drôle car le billet que je commentais a disparu aussi. Puis mon commentaire a réapparu dans la réponse d'Antoine. Les mystères des blogs...
RépondreSupprimerTu me fais penser que j'aurais pu dire ce qui m'a incité à poster ce texte.
RépondreSupprimerVoilà qui est fait,lol.
Pour ce qui est de ta question, je crois que la réponse est en chacun de nous. Tu vas trouver la tienne et tu nous diras.
Bonne soirée
Décidément tu as une fort belle plume. Ton billet est très beau.
RépondreSupprimerLe sens de la vie, quelle question folle ! Une vie entière ne suffirait pas à y répondre. Si j'avais été le sage de ton conte, je crois que j'aurais répondu à mon visiteur : "La vie a le sens qu'on lui donne".
J'ai bon ? ^^
Superbe texte et superbe écriture...
RépondreSupprimerTu as rencontré Mark toi aussi !
Et si la vie n'avait pas de sens mais que des contres sens...
Le petit cailloux arrivé par hasard, c'est nous !
Alors c'est nous seuls qui devons donner un sens à notre vie, mais ça c'est encore plus difficile...
TAMBOUR MAJOR: Hihi! Folle en effet. Mais je vois que la force est en toi, jeune jedi!
RépondreSupprimerVIRGINIE : Mark Logan? je ne connaissais pas, je viens de trouver sur internet, l'histoire a l'air très bien.
Très jolie formule, les contres sens. Oui, c'est difficile, et ça peut faire du bien de savoir que nous sommes si nombreux à répondre à cette question. Ou à chercher.
@FLAVIEN Ben ça alors, tu me fais découvrir quelqu'un :)
RépondreSupprimerJe parlais de Mark, celui de l'histoire sur mon blog que j'ai rencontré le 31 mai mdr !
Bisous et bonne journée à toi !!!!!
VIRGINIE : hum, le Mark des cerises! Il semble t'apporter beaucoup, et pas que les fruits de son arbre.
RépondreSupprimerLe seul sens de la vie qui vaille effectivement c'est bien celui qu'on lui donne ; sinon, la réponse peut aussi être 42, mais on cherche encore la question... ^^
RépondreSupprimerDEEF : C'est ce que je crois, et ce la veut dire qu'il y en a un;
RépondreSupprimerHihi, et écouter le bruit que fait l'homme qui applaudit d'une seule main. Mais si c'est vraiment 42, alors le 37 avait tort, je le savais,mdr.