Au matin sous la tente tu m'avais fait ta déclaration.
En lisant ma stupeur tu avais bredouillé les lettres :
partager ma vie, sortir de mes cases, voir mes amis
sans pression ni question, être plus.
Je pouvais prendre mon temps,
antichambre de ton espoir.
Sur le sentier tu avais cheminé dans mes pas,
confiant et enthousiaste, tu avais bien vu mon silence sonné,
mais dévorant les kilomètres escarpés, cueillant à l'occasion
quelque fleur alpine sans arrière pensée,
tu avais dit ton essentiel, au final de nos jours de randonnée.
Moi j'avais parcouru mon labyrinthe intérieur,
égaré dans l'inconnu de l'engagement.
N'étais-je pas à l'abri des invasions,
protégé par notre différence?
A nous deux nous n'accumulions pas quarante ans,
et il me fallait mûrir vite, découvrir où était le libre, ou était le cachot.
Était-ce vivre avec toi, ou garder mon contrôle,
sentir sur ma peau la brise fraîche ou ton souffle amoureux?
Je voulais t'aimer, j'avais peur de te céder,
Être attaché, était-ce comme être enfermé?
Smith mountain lake par James Roney sous licence CC
Le jour s'était fait discret sur la montagne émeraude
les liens de jade avaient tissé avec le quartz rose un doux mandala
dans l'air miroitant de notre arrivée au gîte.
Nous avions posé les sacs contre le bois clair,
la patronne nous avait montré le bout de banc
qui nous verrait échanger à la nuit, avec tous, les douceurs de la vallée.
La berge nous avait attiré avec un air de Satie,
je n'y voyais plus guère, j'étais fatigué, affamé et perdu.
Pourtant c'était simple, il suffisait d'écouter:
Le lac ondulait dans le soir, il a murmuré flic flac,
ou tu restes prostré et la mouche du sommeil te piques,
ou tu lâches prise et l'oiseau de l'amour t'embarque.
Et les yeux dans les tiens,
je t'ai dit oui.
Mon premier bonheur dans ma vie, je le dois à un clapotis.
ohlala,comme c'est bien écrit!!
RépondreSupprimerJ'ai toujours un peu de mal à penser que ce n'est qu'une fiction!!;-)
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
RépondreSupprimerJe ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
NIGLOO : Le lac était moins parfait, mais plus étrange. A 2000 mètres d'altitude, et sans arbres. Ah ben oui, pas vraiment une fiction. mais quand même plus qu'un récit, alors...
RépondreSupprimerTAMBOUR MAJOR : Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
RépondreSupprimerDe la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Toujours imité, jamais égalé, Rimbaud. On écrit terre à terre et on regarde les étoiles.
Bénis soit ce clapotis! :)
RépondreSupprimerNACHU : il se pourrait que notre avenir dépende de nous et tienne à peu de choses.
RépondreSupprimerC'est bien beau tout ça !
RépondreSupprimer:)
GILDAN : merci.
RépondreSupprimer