mardi 14 juin 2011

DES JOURS ET DES VIES

Aujourd'hui encore, je n'ai pas donné mon sang. Encore un jour de perdu pour ce qui est de contribuer à sauver des vies.
La bêtise et le manque de culture scientifique des responsables ont encore privé le fameux établissement de ma contribution. 
Oui, c'est vrai mon sang est suspect, parce que je vis avec un homme. Et de plus ça ne date pas d'hier. Ni que je vive avec un homme, ni que mon sang soit rejeté. Autrefois j'ai eu une carte avec mes groupes sanguins, rhésus et tutti quanti. Je viens de la retrouver, par hasard. Je n'ose pas te dire de quand elle date, c'était l'époque où on voulait encore bien de ma production la plus précieuse. J'appréhendais un peu : A chaque fois j'avais un peu de mal me relever après, je voyais des étoiles, mais j'étais content. Je savais qu'au moins une partie de mon don servirait à quelqu'un.
En fait, les responsables l'ignorent et c'est bien dommage : C'est le sang des gens qui couchent à gauche et à droite, qu'il vaut mieux ne pas prendre. Refuser celui des homosexuels juste parce qu'ils le sont est aussi absurde que de faire des statistiques sur le don du sang contaminé chez les roux, ou les myopes. Ce n'est pas scientifique, lorsqu'on sait parfaitement comment le sida se transmet. D'ailleurs il y a des années j'avais une amie qui donnait son sang alors qu'elle ne faisait jamais de test, avec une vie de bâton de chaise. Mais elle était forcément "clean", puisqu'hétérosexuelle. Je l'ai perdue de vue quand son mari a appris pour ses multiples aventures et son absence de précautions.
Moi j'étais déjà interdit de don du sang. Malgré mon statut sérologique encore plus stable que ma vie sentimentale. La dernière fois que j'ai voulu donner, on m'a fait remplir un questionnaire. On ne m'a pas demandé si je baisais dans tous les coins, ou si j'étais séronégatif, mais si j'étais homosexuel. Comme si le sida se transmettait par l'orientation sentimentale et non par le sexe risqué. 
Alors messieurs les journalistes, il serait bon de ne plus relayer cet été les appels déchirants au don de sang, de ceux qui ne veulent pas du mien. Quand on refuse le pain, on ne crie pas ensuite famine. 
Veuillez aussi noter que si j'étais par malheur moi aussi blessé, je voudrais bien du sang compatible, fourni par des personnes déclarant ne pas prendre de risque, qu'ils soient gays, lesbiennes, blancs, noirs,... ou même hétéros. Et je les en remercierais. 
Heureusement ils acceptent encore mes organes.  Dans l'immédiat je vais les garder si ça ne les dérange pas, mais qu'ils ne changent pas d'avis avant que je sois prêt, merci.

12 commentaires:

  1. La dernière fois que j'ai pu donner mon sang c'était pendant mon service militaire (là bas c'était obligatoire de toute façon , gay ou pas -- d'autant qu'il n'y a pas de gay dans l'armée, c'est bien connu).
    Toujours est il que je partage ton avis : je trouve cela injuste de mettre au ban des êtres humains qui veulent aider leur prochain parce qu'ils "feraient" partie d'une population "à risque". Nous prenons tous des risques plus ou moins consciemment, plus ou moins fréquemment, que nous soyons gay ou pas. Si le principe de précaution est parfaitement compréhensible, je ne comprends pas pourquoi on ne l'applique pas à tout le monde alors...

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  2. GLIMPSE, EK91: c'est exactement ça : un principe d'égalité.
    Si l'on ne manquait pas de sang tous les étés,mais là c'est encore pire...

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  3. CHRISTOPHE: Sinon c'est du mauvais sang qu'on se fait.

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  4. Ça fait bizarre de devoir cocher ou pas cette putain de croix devant "Avez vous eu des rapports sexuels avec un homme?"
    Ce qui veut bien dire la même chose que "t'es pédé, alors tu dégages"

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  5. PASCALR : Je ne m'y attendais pas du tout la première( et dernière) fois. Le type était d'ailleurs gêné de me jeter, sans aucun argument valable à me donner, vu mon mode de vie.

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  6. Ouais, dans le même cas, complètement incompréhensible.

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  7. GILDAN : On avance on avance, c'est une évidence,...

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  8. KWAN : Ou sinon on a peur de comprendre...

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