dimanche 13 novembre 2011

MARIANNE ET LE MARIAGE

Ils ont eu le courage de se marier à la mairie de Perpignan. Oh, bien sûr, je sais, ce mariage sera invalidé, en dépit de la mairie, de la présence du maire et de leurs invités. Deux hommes n'ont toujours aucun droit de convoler officiellement, d'unir leurs destinées d'adultes responsables.
On a entendu les habituelles récriminations et injures, ce n'est qu'une provocation, une manœuvre électorale, on bafoue le visage de la République. Habituelles car je les entendais déjà lorsque tenant innocemment la main de mon amoureux, je voulais vivre la seule vie que la nature m'ait offerte, celle d'un gay.
Pourtant il me semble que Marianne s'est sentie autrement bafouée à chaque fois que l'on a commis en son nom tout au long du siècle dernier des actes véritablement honteux.
Je ne crois pas en fait qu'elle scruterait nos lits, à essayer de deviner nos ébats pour les condamner, si elle était matérialisée devant nous. Je crois qu'elle nous accorderait cette égalité que nous désirons tant comme une évidence.
Ces deux hommes ne sont peut-être qu'un peu en avance sur leur temps. Comme l'ont été récemment des juges entreprenants qui ont porté des coups de canifs au rejet des pères et mères gay(e)s, et comme de nombreux pays étrangers plus progressistes.
Mais je crois qu'en profitant de la possibilité offerte par ce maire, ils ont surtout plongé dans l'instant présent de leur affection. En public ils ont affirmé qu'ils étaient chacun pour l'autre l'objet d'un amour sincère et sans limite. En s'embrassant devant tous, ils ont ritualisé pour la République l'engagement profond de deux adultes libres et aimants. Et ce public-là était fraternel.
En regardant la fin du reportage sur les visages des jeunes mariés émus et déterminés,  j'ai eu la certitude que même si ce mariage était défait dès lundi, il a eu lieu et ce n'est pas rien.
Et j'ai bien cru voir Marianne s'éloigner avec un petit sourire complice, car dans cette salle les trois mots inscrits sur toutes les mairies avaient régné en maîtres quelques dizaines de minutes.

10 commentaires:

  1. Je fais partie de ceux qui ne soutiennent pas le mariage gay. J'ai le droit ?
    Je ne comprends pas cette volonté de copier les hétéros à tout prix. Tout le combat des homos a été (et est toujours) de vouloir faire accepter leur "différence". Pourquoi soudainement noyer cette différence dans un pseudo mariage ? Il y a là une contradiction que je ne m'explique pas.
    En revanche, un renforcement du Pacs et un approfondissement des droits (et devoirs) qui y sont liés me paraît beaucoup plus judicieux.

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  2. Chacun fait ce qu'il veut, comme me dirait le "ParrainduTiti", je suis encore un "multimarié", non pas par convenances personnelles, mais tout simplement parceque "tout mon entourage" s'accommode de cette formalité administrative et peut-être fiscale! Je m'égare....Je leur souhaite une plus longue vie de couple que le dernier couple "marié" lui aussi!!
    Marianne s'accommode mieux des ébats qui se passent dans des hotels grands luxe!
    Le vatican s'accommode également des ébats d'un démissionné d'hier soir, alors tout ça n'a pas beaucoup d'importance, quand le bilan d'une vie à deux est positif!!
    Un indigné qui aurait vite fait de remettre les comptes de la Nation à zéro, faut pas pousser, depuis le temps qu'on nous roule dans la farine avec plus d'habilité que j'ai à rouler des nems!!^^

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  3. Je suis 100% d'accord avec Deef ! Moi non plus je ne soutiens pas le mariage gay. Cela ne signifie pas que je ne revendique pas le droit à l'égalité des personnes et des couples. Comme le dit Deef : un renforcement du Pacs, de ses droits et de ses devoirs me parait une bonne idée.

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  4. DEEF :Je ne souhaite pas que tu soutiennes ton droit au mariage, mais le mien, et celui de ceux qui le veulent. Tu me dévalorises en parlant de pseudo-mariage. S'il m'était accessible il serait complet, et m'aurait peut-être permis si j'étais moins vieux d'élever des enfants ouvertement.
    Je ne veux pas faire valoir ma différence. Je voudrais au contraire que ma sexualité et mon mode de vie soit aussi banals que possible. Sans aucune discrimination du fait de l'orientation sexuelle.
    Mon soutien du mariage et de l'égalité en tous domaines n'est pas soudain, il date de la première fois que j'ai dû répondre "oui, et alors" à des gens qui s'offusquaient de me voir embrasser mon mec en public. Ton argument est le même qu'employaient ceux qui voulaient m'interdire de m'afficher avec mon copain. On me disait à l'époque dans le milieu "pourquoi veux-tu faire petit couple bourgeois plutôt que l'amour libre" (1978). "Libre" et surtout discret, c'est ça?
    Évidemment tu as "le droit" de ne pas soutenir l'ouverture du mariage aux gays(J'espère bien que le "mariage gay" n'existera jamais). Mais tu n'aides pas certains à vivre la vie qu'ils veulent.

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  5. NIGLOO : La vie de couple est plus importante que la reconnaissance sociale, d'accord. Que le bilan d'une vie à deux soit positif c'est bien sûr le principal!
    Tu as une belle vie de famille et je comprends qu'elle te satisfasse. Le problème des ébats dans un hôtel de luxe, c'est de savoir si les deux personnes sont bien consentantes...

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  6. EK91: Si quelque chose existe, qui est interdit pour fait d'orientation sexuelle, c'est une discrimination. Donc c'est une question de principe.
    Je vais avoir besoin d'une bonne heure de piscine pour digérer ces commentaires, moi. Je comprends mieux la baisse du militantisme.

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  7. Te fâche pas. On n'est pas tous obligés d'avoir la même opinion, sinon ce serait d'un ennui mortel.
    Mon argument n'est absolument pas ceux qui voudraient que les homos vivent leur vie sans s'afficher, genre Boutin et compagnie. C'est celui de nombreux homos qui estiment que le mariage n'est pas nécessairement LA solution.
    Toutefois, si demain le mariage était autorisé pour les homos, je n'y verrais rien à redire. Mais je persiste et signe : je trouve que les homos devraient plutôt chercher à faire différemment que se glisser dans cette "institution" hétéro.
    PS. On peut élever des enfants hors mariage, tu sais^^

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  8. Voilà un débat intéressant car au fond nous aspirons tous à la même chose : qu'on nous laisse vivre comme on l'entend ! Ne pas soutenir le "mariage gay" (ce qui déjà est un terme discriminatoire puisqu'il ne devrait être question que d'un mariage et point barre) ne signifie pas forcément que l'on a pas de principes ou qu'on ne défend pas un certain mode de vie (car nous avons tous été victimes à un moment ou un autre de discrimination ou de "mise à l'écart"). En revanche, cela peut signifier (et c'est mon cas) que je n'adhère pas aux valeurs que transportent le mariage. Je pense qu'il y aurait bien plus d'avancées sociales (par exemple) dans le droit à l'adoption que dans celui du mariage.

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  9. DEEF : Je veux que les droits soient les mêmes pour tous, par rapport au mariage comme pour le reste. Libre à chacun ensuite d'aimer ou non le mariage, ou le pacs. J'ignore d'ailleurs si je me marierais. Sans doute pas actuellement.
    Si tu dis que tu n'y verrais rien à redire, ça me va.
    Mais si tu dis que tu revendiqueras ce droit dont tu ne veux pas pour toi-même, voire que tu méprises, je t'estime encore plus.
    PS : élever des enfants (forcément hors mariage) pour deux personnes de même sexe revient à prendre le risque de les perdre, pour celui des parents qui n'a pas de droit parental.
    re-PS : Je ne suis pas fâché. Pas beaucoup. Surtout après une séance de piscine et un bon repas.

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  10. EK91 : "Ne pas soutenir le mariage gay(...)signifie que je n'adhère pas aux valeurs du mariage" : Tu peux soutenir l'ouverture "du" mariage "aux" gays sans adhérer aux valeurs du mariage, et sans même le vouloir pour toi.
    Je soutiens le droit des femmes à l'avortement, bien que pour moi ce soit une chose triste et un échec, qui de plus ne me concerne pas et ne me concernera sûrement jamais.
    L'ouverture du mariage aux gays entraîne le droit à l'adoption et aux droits parentaux. Il me semble qu'une fois le mariage ouvert aux gays, la discrimination dans l'adoption ne devrait pas tenir longtemps.

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