mardi 9 février 2010

IL N'EST PLUS LA

Ils étaient deux garçons de quatre ans qui jouaient presque toujours dehors. Ils adoraient explorer leur domaine, un petit bout de route dans le lotissement, les jardins et quelques pièces dans la grande maison.
Le maigre grillage qui séparait les deux familles était franchi sans hésitation, et personne n'y trouvait à redire. Ils ramassaient et dégustaient comme des trésors les pignons que les pins jetaient par poignées sur le sol.
Certaines fois par grand vent les nuées de pollen les surprenaient, ils toussaient et pleuraient en riant.
Un jour ils réussirent à coincer un chaton sauvage dans l'angle du grillage, et ce chaton devint l'ami très cher de celui dont il avait ensanglanté les jambes du genou à la cheville. Tout était rouge, le mercurochrome, le visage de la maman, le coton, le genou et c'était drôle.
Rarement ils allaient à la mer en bas derrière la route.
Rien ne pouvait leur arriver, puisqu'ils étaient amis, et que leur seul devoir consistait à grandir.
Et puis l'aile noire de la maladie a emporté l'un, si vite que la colline où ils habitaient n'a pas eu le temps de comprendre qu'elle s'était vidée de la joie.
Il est parti comme ça sans dire au revoir à son copain.
Ils avaient quatre ans et je suis resté seul pour continuer l'enfance.

6 commentaires:

  1. C'est très joli et émouvant.
    J'aime.

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  2. Je confirme, c'est un très beau texte... Très touchant!
    J'aime beaucoup!

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  3. KINDGAY : Merci.C'est juste ce qu'il me reste de souvenirs.

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  4. Alors si c'est juste ce qu'il reste tu fais bien de l'écrire. Et de le garder.

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  5. C'est tout ce qu'il me reste. Et cette sensation au fond de moi, qui n'a pas de mots. merci de ton commentaire.

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