jeudi 5 mai 2011

VILLAGE AFRICAIN

Dans ce village africain, les paniers étaient fabriqués depuis des générations à la main par les villageois. On était à la fin des années 1990. Les matières premières, herbes sèches résistantes et liens souples étaient cultivées au bord de la rivière, à quinze kilomètres de là.
Les paniers étaient ensuite vendus au marché de la petite ville, à un prix raisonnable leur permettant une vie confortable. Une journée de marche pour les herbes, trois à cinq jours de fabrication, une journée pour la vente. Les villageois considéraient cette activité comme leur profession à part entière et les paniers comme leurs chef-d'œuvres. Ils l'étaient, au dire de tous ceux qui les utilisaient.
Puis des marchands munis de moyens de transport sont venus leur proposer les herbes directement dans leur village. Le prix étant à peine plus élevé, cela leur épargnait une journée de marche. Les mêmes leur ont ensuite acheté les paniers pour les revendre dans la petite ville et dans des villes plus grandes. Une autre journée de gagnée. Au début les prix étaient intéressants, ils se concentraient sur leur vrai métier et vivaient mieux.
Mais quelques temps après les marchands leur vendirent les herbes non plus au poids qu'un homme peut porter, mais par quantité exacte nécessaire pour fabriquer un panier, ce qui revint beaucoup plus cher. Ils négocièrent aussi des ristournes au nombre de paniers vendus. Entretemps, les villageois avaient perdu leur entraînement à la marche longue distance. Ils consentirent donc ces sacrifices.
hebergeur image
Village africain livre 1 domaine public
 A présent l'écart entre les prix de matières et ceux de vente s'est tellement resserré, qu'ils tressent sans arrêt le plus vite possible, et leur revenu est au minimum. Ils sont au bord d'abandonner la fabrication, tandis que les acheteurs se plaignent de la qualité déplorable des paniers. Herbes coupées n'importe comment, paniers tressés trop vite.
Le monde est un village africain.
"C'est bien malheureux ma bonne dame, mais on n'y peut rien" : Je ne crois pas, beaucoup essayent à leur niveau des changements (coopératives, amap, associations de consommateurs, commerce équitable, bio, biodynamie, compost, boycott de l'obsolescence programmée, etc...). Et cela crée une pression qui porte ses fruits.

6 commentaires:

  1. Oui, heureusement l'espoir renaît. Il n'est pour l'instant qu'une toute petite flamme. A nous d'en faire un grand feu. Et je ne parle pas de tout brûler hein ! ^^ Les marchands d'herbes séchées son très puissants. Il va falloir beaucoup de persévérance et le soutien indéfectible des clients pour que le fléau de la balance s'oriente dans l'autre direction. J'aime bien ta fable.

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  2. Il y a une tendance naturelle des marchands à abuser de la position dominante . Mais nous sommes de plus en plus nombreux à influer sans utopie, pour que le monde reste humain. Et le fléau s'oriente.

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  3. Oui, on est de plus en plus nombreux c'est vrai, mais y'a encore du boulot!!

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  4. NIGLOO : Faut pas croire, à l'Amap d'ici on refuse du monde.

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  5. @ Flavien : il faut les dorloter les AMAP. Et vérifier qu'elles ne fassent pas de bêtise... Il y a dans ma région une AMAP qui dupe ses adhérents en achetant des produits issus de l'agriculture non-bio, de 3° catégorie et qui les revend pour du bio, avec la marge que tu peux imaginer... Le scandale n'a pas encore éclaté mais il y a fort à parier que cela fera grand bruit le moment venu, décridibilisant du même coup la filière.
    C'est triste que certains surfent ainsi sur la vague pour le seul motif du profit. Alors oui, les choses changent, le fléau bouge. Mais il faut tenir la garde haute.

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  6. TAMBOUR MAJOR : les Amap sont des associations, les adhérents ont donc tout pouvoir pour les contrôler. Mais cela demande beaucoup d'énergie si l'on est seul à s'apercevoir d'une dérive. Nous, nous avons gentiment écarté le président, qui était aussi un agriculteur fournisseur, et donc juge et partie. Ça s'est passé très amicalement, avec son plein accord. Par statut, les Amap ne peuvent pas vendre quoique ce soit elles-mêmes, ni prendre des commissions.

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